Livres Anciens
Sous le Directoire, l’Institut national des Sciences et des Arts reçoit comme instrument de travail, en 1797, la bibliothèque de la Commune de Paris. De ce premier ensemble, constitué de manuscrits, mais aussi de 24 000 imprimés, découle le plan de classement de la Bibliothèque de l’Institut de France, utilisé jusqu’en 1895. Les saisies révolutionnaires, à partir des choix opérés dans les dépôts littéraires de Paris et Versailles constituent le deuxième ensemble principal des collections. Enfin, à partir du XIXe siècle, un enrichissement de très grande qualité se poursuit grâce aux dons et legs.
La bibliothèque de la ville de Paris
La bibliothèque de la Ville de Paris du XVIIIe siècle constitue le noyau du fonds ancien de la Bibliothèque de l'Institut de France. Grâce au décret du Directoire du 27 Ventôse an V (17 mars 1797), l’Institut national des Sciences et des Arts a reçu comme instrument de travail 24 000 livres de la bibliothèque de la « Commune ». Cette dernière, créée en 1763, s’était considérablement enrichie grâce à quatre bienfaiteurs principaux :
- Antoine Moriau (1699-1759), parlementaire janséniste, a légué à la Ville de Paris sa collection personnelle, afin qu’une bibliothèque ouvre ses portes au public.
- Joseph Tauxier (1690?-1768), avocat au Parlement, possédait également une importante bibliothèque personnelle, complétée par l’acquisition de la bibliothèque de l’historien Denis Secousse (1691-1754).
- Pierre-Nicolas Bonamy (1694-1770), membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, fut le premier bibliothécaire de la Ville de Paris.
- Nicolas de la Pinte, abbé de Livry, offrit à la Ville de Paris des livres de manière régulière, et fit des dons en espèces.
De ce premier ensemble, la bibliothèque a hérité du classement thématique issu de la classification des libraires parisiens du XVIIe siècle, répartissant les livres en 5 domaines : Religion, Droit, Histoire, Lettres, Sciences et Arts. Ce classement a perduré à la bibliothèque de l’Institut jusqu’en 1895.
Les bibliothèques des anciennes Académies royales
Le deuxième ensemble constitutif du fonds ancien de la bibliothèque est celui composé par les saisies révolutionnaires rassemblées dans les différents dépôts de Paris et Versailles. Grâce aux prélèvements dans ces dépôts, et ce dès 1796, les vestiges des bibliothèques des académies d’Ancien Régime, supprimées en 1793, ont partiellement été intégrés. Parfois ce fut par des chemins détournés, comme pour les livres de la bibliothèque de l’Académie royale des sciences, repris auprès du Muséum d’histoire naturelle. L’étude réalisée par Annie Chassagne (publiée en 2007) permet d’affirmer que la majeure partie d’entre eux se trouve aujourd’hui dans les murs de la Bibliothèque de l’Institut, ou dans le dépôt de 50 000 livres scientifiques confiés à la Médiathèque de la Cité des sciences.
Les livres de la bibliothèque de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ne sont pas identifiables, faute de marque particulière. Il semblerait, d’après Jean Tremblot dans son livre Bibliothèques et armoiries des Académies royales à Paris, Paris, 1931, que cette bibliothèque, relativement modeste, ait été répartie dans l’ensemble des collections.
En revanche, la bibliothèque de l’Académie française a disparu dans sa majeure partie, et seuls quelques livres figurent dans les rangs des collections de la bibliothèque de l’Institut de France. Cependant, la bibliothèque de l’Institut de France possède de nombreuses éditions du célèbre dictionnaire de l’Académie.
Quant à l’Académie d’architecture, sa bibliothèque fut scindée en deux ensembles en 1840 : les livres sont probablement dans leur majeure partie demeurés au Palais de l’Institut, et les dessins ont intégré les collections de l’Ecole des Beaux-Arts, créée en 1829.
A l'époque contemporaine
La Bibliothèque de l’Institut de France n’a cessé de s’enrichir. Au XIXe siècle, elle disposait des moyens et du prestige nécessaires pour recueillir des dons prestigieux lui permettant de tendre vers l’idéal : être un « abrégé du monde savant ». Citons la collection riche de plus de 5000 pièces de l’historien de l’art Georges Duplessis (1834-1899), conservateur du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, et membre de l’Académie des beaux-arts (cf. le catalogue de l’exposition Livres à figures du XVIe siècle tirés de la collection de Georges Duplessis (1834-1899), conservateur au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale et membre de l'Académie des beaux-arts, rédigé par François Dupuigrenet-Desroussilles) ; ou encore la collection de botanique du banquier Benjamin Delessert (1773-1847) composée de presque 9000 documents. Depuis 1895, les livres imprimés anciens ont été intégrés soit sous forme de collection à part entière, soit dans les « nouvelles séries » (cote N. S.).
Aux XXe et XXIe siècles, les dons de collectionneurs avertis, souvent membres de l’Institut, continuent d’enrichir la bibliothèque ; elle demeure, à l’image de ce que souhaitait le Directoire, ou plus tard le vicomte Spoelberch de Lovenjoul pour sa collection de littérature, un instrument de travail avant d’être un bel ensemble pour bibliophiles.